L’eau est une ressource précieuse et, compte tenu des préoccupations environnementales croissantes, il est plus important que jamais de l’économiser.
De nos maisons à nos jardins, il existe de nombreuses façons de réduire notre consommation d’eau. Cet article explore 6 techniques innovantes qui peuvent nous aider à économiser l’eau, chacune offrant des solutions uniques et pratiques à ce problème mondial.
Israël : la Water Tech est un marché en pleine expansion
Le marché mondial de l’eau, prévu pour atteindre 915 milliards de dollars en 2023, est en pleine effervescence, avec Israël en tête de peloton. Inspiré par le rêve de David Ben Gurion, l’un des pères fondateurs de l’État, de « faire fleurir le désert », Israël a établi dès les années 60 des centres de recherche et développement spécialisés dans l’irrigation, le traitement des eaux usées et la désalinisation.
L’innovation israélienne a donné naissance à Netafim, une entreprise qui a révolutionné l’irrigation avec le système « goutte-à-goutte » en 1965. Depuis lors, la technologie de l’eau en Israël n’a cessé de progresser, avec des entreprises comme Watergen, qui a remporté le prestigieux prix « Tech for a better world » du CES Innovation Awards 2019 pour sa technologie de transformation de l’air en eau.
En Israël, plus de 300 entreprises se consacrent à la Water Tech, représentant une industrie évaluée à 2 milliards de dollars. Des start-ups comme Manna et SupPlant continuent de perfectionner le système « goutte-à-goutte », utilisant l’Internet des objets (IoT) et le Big Data pour contrôler précisément l’irrigation de cultures isolées.
La Water Tech israélienne est devenue un produit d’exportation majeur, permettant à Israël de nouer des partenariats avec d’autres pays en développement. C’est le cas notamment de Netafim qui a inauguré une usine dans l’ouest du Maroc, plus précisément dans la ville de Kénitra.
D’autres startups de la Water Tech israélienne ont emboîté le pas, en nouant notamment des partenariats avec des pays comme l’Inde ou la Chine. La désalinisation, l’irrigation par Io, le traitement des eaux usées et la prévention des inondations sont parmi les technologies clés exportées, contribuant à résoudre le problème mondial du stress hydrique.
DeepDrop : un système d’irrigation révolutionnaire
DeepDrop, une innovation révolutionnaire en matière d’irrigation souterraine, est le fruit de l’ingéniosité d’Antonio Rico, un entrepreneur et inventeur de 82 ans basé à Torrox, Malaga. Cette invention remarquable, qui a été brevetée par Rico, réduit la consommation d’eau de 40 à 70 % dans divers types de plantations, offrant une solution durable aux défis de l’irrigation.
Rico a commencé à concevoir DeepDrop il y a 40 ans, avec l’objectif d’apporter de l’eau directement aux racines des plantes. L’essor des plantations d’arbres subtropicaux, tels que les manguiers et les avocatiers, dans la région d’Axarquia à Malaga, a offert à Rico l’opportunité de revitaliser son invention.
Ernesto, le fils de Rico et le responsable de la gestion et de la commercialisation de DeepDrop, exprime sa fierté pour l’œuvre de son père. Il souligne que malgré les années de lutte et les nombreux brevets déposés dans divers secteurs, dont la construction et la santé, son père n’a jamais abandonné. La réussite de DeepDrop est une reconnaissance bien méritée de son travail acharné et de ses efforts incessants.
Comment ça marche ?
La beauté de DeepDrop réside dans sa simplicité. Comme le décrit Rico, c’est du « pur bon sens ». DeepDrop est un tube de 15 centimètres inséré dans le sol, équipé d’une rondelle en caoutchouc pour éviter qu’il ne s’enfonce. Le tube contient une capsule transparente qui se connecte à l’irrigation générale, permettant à l’eau d’atteindre directement les racines des plantes. Cette conception permet à l’agriculteur de surveiller la circulation de l’eau à tout moment. Si un problème survient, il peut être résolu en surface, évitant ainsi les coûts et les complications liés à la résolution de problèmes souterrains.
Ernesto décrit DeepDrop comme un « compte-gouttes », mais grâce à sa conception unique, il transforme l’irrigation de surface en irrigation souterraine. Il conserve cependant les avantages de l’irrigation de surface, notamment la possibilité de vérifier facilement que tout fonctionne correctement. Il évite également les problèmes de coûts et de maintenance associés à l’irrigation souterraine traditionnelle.
Berger World : conservation de l’eau grâce à des cristaux biodégradables
Berger-World est une entreprise innovante née de la passion commune de deux hommes, Samuel et Renan, pour la nature et la protection de l’environnement. Leur mission est de créer une entreprise qui reflète leurs valeurs éthiques et leur engagement envers la lutte contre le réchauffement climatique et la crise de l’eau.
En 2019, Berger-World a établi un partenariat avec l’organisation internationale Global Institute of Water, Environment and Health (GIWEH), qui a pour mission de soutenir le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU et d’aider les populations vivant en zone aride à gérer efficacement leurs ressources en eau. Berger-World contribue à cette mission en proposant des solutions techniques économiques et en reversant une partie de ses bénéfices à GIWEH.
Le produit phare de Berger-World est un réservoir d’eau solide sous forme de cristaux hydro-rétenteurs. Ces cristaux, enfouis au pied des racines des plantes, absorbent l’eau lors de l’arrosage, la stockent, puis la libèrent lentement en fonction des besoins des plantes. Cette technique réduit le gaspillage d’eau dû à l’évaporation et diminue considérablement les besoins en arrosage, jusqu’à 80%.
En plus de retenir l’eau, les cristaux Berger-World retiennent également les fertilisants liquides naturels, permettant aux plantes de puiser les éléments nutritifs dont elles ont besoin. En empêchant le lessivage de ces nutriments, l’utilisation de fertilisants est réduite de moitié. De plus, ces granulés favorisent l’oxygénation des racines et le développement de la vie du sol, contribuant à un écosystème plus sain et plus durable.
Lylo : Une mini-machine à laver portable
Lylo Products, une start-up britannique, a fait preuve d’innovation et de responsabilité environnementale en développant Lylo, un lave-linge portable qui recycle l’eau de la douche.
Conçu à l’origine pour aider les étudiants à économiser, les créateurs Paramveer Bhachu et Joanna Power ont élargi leur vision pour toucher un public plus large. Lylo, qui fonctionne avec un réservoir d’eau ajustable placé sur le sol de la douche, filtre l’eau utilisée pour la lessive. Bien que conçu pour des cycles de lavage quotidiens d’environ 15 minutes, Lylo pourrait entrer en production dès 2023.
Cependant, Lylo n’est pas le seul acteur dans le domaine des machines à laver économes en eau. Un autre exemple notable est la Lava Aqua X, une machine à laver qui utilise de l’eau sale pour laver le linge. Cette machine innovante filtre les eaux usées, y compris celles de la vaisselle, de la douche et de l’évier, en utilisant du charbon actif pour éliminer les grosses impuretés. Elle utilise ensuite cette eau pour ses cycles de lavage.
La Lava Aqua X récupère les eaux usées grâce à un réservoir amovible qui peut être rempli d’eau de pluie ou d’eaux usées. Conçue pour une petite charge de linge et nécessitant seulement huit litres d’eau pour fonctionner, la Lava Aqua X est suffisamment compacte pour être installée dans un bac de douche, permettant ainsi de récupérer l’eau de la douche pour la lessive. Cette ingénieuse machine, conçue par des designers de Walsall en Angleterre, pourrait inspirer les fabricants d’électroménager à repenser la manière dont nous utilisons et économisons l’eau.
Sandi : des toilettes avec du sable
Archie Read, alors employé chez LooWatt, a imaginé une solution de toilettes durables et uniques, baptisée Sandi, destinée aux populations sans accès à l’eau ou à l’électricité. Sandi collecte les déchets dans un film polymère biodégradable, assurant ainsi la sécurité sanitaire des utilisateurs. Bien que ce concept soit actuellement destiné aux zones urbaines, il pourrait, s’il était concrétisé, offrir une solution sûre pour les régions isolées du monde.
Sandi se distingue par son design qui permet aux utilisateurs de l’entretenir eux-mêmes, sans dépendre d’une maintenance externe. Il se compose de trois éléments principaux : un tapis roulant pour évacuer les excréments en l’absence d’eau, une chasse d’eau mécanique pour les zones sans électricité, et un séparateur intégré à la cuvette qui divise les déchets pour leur réutilisation en tant qu’engrais.
Toilettes Sandi : le mode d’emploi
Les déchets sont séparés en deux compartiments : l’un dirige l’urine vers un récipient situé en dessous, tandis que l’autre comprend un tapis roulant simple, recouvert d’une fine couche de sable qui se renouvelle à chaque utilisation. Le sable, choisi pour sa capacité à empêcher les excréments de salir le convoyeur, peut être remplacé par de la terre ou de la sciure de bois. Après utilisation, une simple action sur la chasse d’eau mécanique fait pivoter le tapis roulant et envoie les déchets dans les réservoirs.
Les toilettes Sandi, qui coûteront environ 74 dollars, peuvent être installées n’importe où dans le monde, des villages isolés aux petites maisons ou aux complexes locatifs. Elles restent hygiéniques grâce à un film biodégradable qui recouvre les déchets humains à chaque utilisation. L’urine peut être utilisée directement comme fertilisant pour les sols, tandis que les excréments peuvent être enterrés pour servir de compost ou recyclés pour produire de l’énergie.
Douche autonome par un ingénieur de la NASA
Mehrdad Mahdjoubi, un ingénieur suédois ayant travaillé pour la NASA sur la mission « Journey To Mars », a conçu une « douche spatiale » révolutionnaire qui fonctionne en circuit fermé, promettant une économie d’eau de 90 % et d’énergie de 80 %. En considérant qu’un tiers de l’eau utilisée pour la douche est en réalité de l’eau propre, son système, qui utilise seulement 5 litres d’eau pour une douche complète, représente une avancée significative.
Le système, développé par Orbital Systems, fait circuler et purifie l’eau au fur et à mesure de sa réutilisation. Baptisée OAS, cette douche a l’avantage de ne pas être liée aux autres points d’eau de la maison, évitant ainsi une chute soudaine de la pression. Elle pourrait être particulièrement utile dans les régions touchées par la sécheresse ou dans les endroits où l’hygiène est primordiale, car son système de filtration continue empêche la prolifération des bactéries.
Douche OAS : comment ça marche ?
La douche OAS est équipée de capteurs qui analysent la qualité de l’eau avant de la purifier à travers deux filtres : un filtre micronique qui élimine les cheveux et les bactéries, et un filtre UV qui neutralise les micro-organismes présents dans l’eau. L’eau purifiée est ensuite chauffée et stérilisée avant d’être évacuée par le pommeau de douche. Après la douche, les 5 litres d’eau utilisés sont évacués et remplacés par 5 nouveaux litres d’eau pour la prochaine utilisation. Les filtres, qui ne sont pas permanents, sont remplacés lorsque le système envoie une alerte.
Depuis son lancement, le système OAS a permis d’économiser 13 millions de litres d’eau en milieu professionnel. Pour cette invention, Mehrdad Mahdjoubi a reçu le Prix de l’inventeur européen 2018 dans la catégorie PME. Il prévoit de commercialiser ce système au grand public dans quelques années pour environ 500 euros. Bien que cela représente un investissement initial, les économies d’eau réalisées permettront de rentabiliser le système en quelques mois. Cette invention prometteuse pourrait être idéale pour équiper les nouveaux écoquartiers.