Même si elle enveloppe près de 70 % de notre planète, l’eau, loin d’être une ressource inépuisable, est un bien précieux qu’il nous faut chérir.
Vital pour la pérennité de nos écosystèmes et le dynamisme de nos sociétés, la maîtrise de son utilisation et de sa distribution représente un défi majeur de notre siècle.
Cette problématique universelle mobilise de nombreux acteurs à travers le globe, qu’ils soient étatiques, privés ou associatifs, dans une quête commune de solutions durables. Dans cette perspective, nous abordons aujourd’hui ce sujet de fond en explorant notamment :
- Les conséquences dommageables d’une gestion défaillante de l’eau
- Les stratégies et techniques permettant aux nations de gérer plus efficacement cette ressource naturelle essentielle.
Contexte et enjeux globaux de la gestion durable de l’eau
Un rapport récemment publié par les Nations Unies nous apprend que la pénurie d’eau touche près de 700 millions de personnes dans 43 pays. En 2025 l’organisme prévoit que ce chiffre dépassera le 1,8 milliard. Pire encore ! Plus des deux tiers de la population vivront dans des conditions de stress hydrique.
Cette situation désormais alarmante est imputable à plusieurs facteurs naturels et humains comme le réchauffement climatique, la surexploitation des nappes phréatiques qui menace des régions entières ou encore la pollution aquatique qui endommage nos écosystèmes naturels. D’autres paramètres font que la crise de l’eau est aujourd’hui une réalité tangible, comme le changement climatique, l’expansion démographique ou encore l’industrialisation effrénée.
De cette situation de stress hydrique constatée à l’échelle planétaire découle des enjeux pluriels. En premier lieu, la santé humaine est en jeu, car la contamination des ressources d’eau provoque des maladies parfois compliquée à guérir comme la dysenterie, la diarrhée, le choléra, l’hépatite A, la fièvre typhoïde et la poliomyélite. Aussi, les écosystèmes aquatiques dont dépend la biodiversité mondiale sont en péril.
Enfin, la stabilité sociale et économique est menacée, puisque les conflits liés à l’eau peuvent engendrer des tensions et des crises humanitaires.
Nations Unis, DEASNU (Le Département des affaires économiques et sociales). Article : « Pénurie d’eau ». Source : https://www.un.org/fr/waterforlifedecade/themes/scarcity.shtml
La gestion durable de l’eau
Face aux défis liés à la pénurie d’eau, la gestion durable s’impose. Cette notion englobe l’utilisation efficace de l’eau pour satisfaire les besoins humains, tout en préservant les fonctions écologiques des systèmes aquatiques. Les bénéfices d’une telle approche sont multiples : elle peut réduire notre empreinte environnementale, promouvoir l’équité sociale et encourager la croissance économique.
Parmi les techniques les plus plébiscitées pour une gestion durable de l’eau, on retrouve notamment :
- L’augmentation de l’accès aux ressources en eau conventionnelles, en augmentant les capacités de stockage des flux (barrages, systèmes locaux de stockage des eaux de pluie, etc ;
- Une meilleure gestion des stocks d’eau disponibles (exemple : les eaux souterraines qui font l’objet d’une surexploitation ces dernières années) ;
- Un meilleur recyclage de l’eau de manière à optimiser son utilisation et éviter les gaspillages ;
- Contrôle de la pollution des eaux de sorte à augmenter la quantité d’eau disponible à un usage humain ;
- Transferts de ressources entre bassins fluviaux ;
- Dessalement de l’eau de mer.
Bien entendu, la « bonne application » de ces techniques dépend des moyens économiques et logistiques dont dispose chaque pays. Par exemple, dans certaines régions du globe, le dessalement de l’eau de mer est par exemple une solution pour le moment trop coûteuse (bien que le coût ait été divisé par quatre au cours des deux dernières décennies). Ce n’est pas le cas dans les pays du golfe qui profite de la rente pétrolière pour investir dans des usines de dessalement.
Sur le plan politique et réglementaire, une gestion efficace de l’eau implique des politiques justes et responsables, une tarification de l’eau qui reflète sa valeur réelle et une coopération internationale pour gérer les bassins fluviaux partagés.
Dans ce contexte, il faut savoir que la gestion de l’eau est source de conflits géopolitiques. On peut citer notamment l’exemple de l’Égypte et l’Éthiopie qui se disputent des parts du fleuve du Nil, notamment à cause de la construction du barrage La Renaissance par les autorités éthiopiennes, soutenues par des organismes privés puissants.
Exemples de réussites et d’échecs dans la gestion de l’eau
Plusieurs pays se démarquent par leur gestion exemplaire de l’eau. Voici quelques exemples :
- Singapour : ce dragon asiatique est souvent cité comme un modèle en matière de gestion de l’eau. Malgré son manque de ressources en eau naturelles, le pays a réussi à garantir un approvisionnement en eau suffisant et sûr pour sa population grâce à une combinaison de stratégies, notamment l’importation d’eau, le dessalement, le recyclage de l’eau usée et la collecte des eaux pluviales.
- Israël : Israël est leader mondial en matière de recyclage des eaux usées et d’irrigation goutte-à-goutte. Plus de 85 % des eaux usées domestiques sont traitées et réutilisées pour l’agriculture. De plus, grâce à son programme national de dessalement, le pays est désormais largement indépendant en matière d’approvisionnement en eau.
- Danemark : le Danemark est un autre exemple de gestion durable de l’eau. Les pratiques de gestion de l’eau du pays comprennent la réduction de la consommation d’eau, le traitement des eaux usées, la protection des ressources en eau et l’utilisation de technologies innovantes pour le suivi et la gestion de l’eau. Le Danemark vise à être indépendant des combustibles fossiles d’ici 2050, et l’eau joue un rôle clé dans cette stratégie.
Ces pays ont démontré qu’une bonne gestion de l’eau est possible et bénéfique à long terme, même dans des contextes difficiles. Ils peuvent servir d’exemples pour d’autres pays cherchant à améliorer leur propre gestion de l’eau.
Les conséquences de la mauvaise gestion de l’eau
Une gestion inefficace de l’eau a des répercussions néfastes directes et indirectes sur notre santé et notre économie. Les maladies hydriques, comme le choléra et la dysenterie, sont souvent le résultat d’une eau insalubre. Ces maladies représentent un fardeau considérable pour les systèmes de santé et peuvent paralyser le développement socio-économique des régions touchées.
En outre, la mauvaise gestion de l’eau peut avoir des répercussions économiques considérables. Les pénuries d’eau affectent la productivité agricole, augmentant le coût des aliments et menaçant la sécurité alimentaire. De plus, la dégradation des infrastructures d’eau en raison d’une maintenance inadéquate peut entraîner des coûts de réparation élevés.
Les défis pour la mise en place d’une gestion durable de l’eau
La gestion durable et équitable des ressources en eau est semée d’obstacles. Techniquement parlant, de nombreux pays en voie de développement manquent encore des technologies nécessaires pour le traitement de l’eau, la collecte des eaux de pluies ou encore l’irrigation efficiente.
D’un point de vue politique, la mise en place d’une gestion de l’eau est souvent entravée par des conflits d’intérêts, sans parler d’un manque de volonté des responsables ou des problèmes de corruption. De plus, les lois et réglementations nécessaires à la protection des ressources en eau sont souvent insuffisantes ou mal appliquées.
Malgré ces défis, la nécessité d’une gestion durable de l’eau n’a jamais été aussi impérieuse. Les exemples de réussite et d’échec que nous avons cité montrent que le chemin est difficile, mais possible. C’est à nous tous, citoyens, décideurs et entreprises, de prendre nos responsabilités pour faire de l’eau, cette ressource vitale, un pilier de notre avenir durable.